Ronan Quéré, chercheur à l’Inserm, explore de nouvelles voies thérapeutiques pour guérir les enfants atteints de leucémie lymphoblastique aiguë à cellules B.
Ronan Quéré, chercheur à l’Inserm UMR1231 de Dijon, étudie les mécanismes de développement de la leucémie lymphoblastique aiguë à cellules B (LAL-B), une maladie du sang qui représente environ 20 % des cancers pédiatriques.
Après traitement thérapeutique, cette leucémie présente un taux de rémission élevé, notamment chez les enfants de plus de deux ans. Cinq ans après le traitement, entre 15 et 20 % des enfants rechutent. Il est donc nécessaire de poursuivre l’identification de nouvelles stratégies thérapeutiques afin de développer de nouveaux traitements.
« Dans notre équipe de recherche, nous travaillons à l’identification de nouvelles approches thérapeutiques en étudiant l’effet de nouvelles molécules sur des modèles de souris développés suite à la transplantation de cellules humaines chez des rongeurs immunodéficients. C’est ce que l’on appelle la xénotransplantation. »
La xénotransplantation consiste à prélever de la moelle osseuse chez le patient, ce que Ronan Quéré réalise en collaboration avec Paola Ballerini, de l’AP-HP. « Ces cellules leucémiques ne peuvent pas être multipliées in-vitro contrairement à celles des cancers solides. On les injecte donc dans l’organisme de souris immunodéficientes où elles vont se multiplier. Le développement d’une maladie humaine chez un autre être vivant (la souris ici en l’occurrence) s’appelle la xénotransplantation. Ces souris vont ensuite être traitées avec de nouvelles thérapies qui n’ont jamais testées chez l’homme. Au bout de quelques jours, les effets de ces nouveaux candidats médicaments vont être analysés au laboratoire, en termes d’arrêt de la multiplication des cellules cancéreuses et d’augmentation de la survie des souris. »
Résultats significatifs d’une étude préclinique avec un anticorps agoniste du CD40
Ronan Quéré et son équipe ont par exemple constaté (et c’est le projet qu’Enfants Cancers Santé finance à hauteur de 40 000 € sur 2 ans) « qu’un agoniste de l’anticorps appelé CD40 administré dans le sang de souris bloque significativement le développement des cellules cancéreuses dans la moelle osseuse, la rate et le sang périphérique. Les cellules malades isolées de souris traitées avec l’anticorps semblent s’être différenciées, ce qui diminue leur prolifération. L’administration intraveineuse de l’agoniste du CD40 a profondément modifié la fréquence des cellules initiatrices de la leucémie et le développement de la leucémie chez les souris. Ces résultats démontrent que les agonistes du CD40 constituent une nouvelle stratégie immunothérapeutique pour le traitement pédiatrique de la LAL-B. Nous étudions le mécanisme d’action et l’efficacité de cette nouvelle immunothérapie sur nos six modèles de souris différents, en étude préclinique in vivo. Nos résultats précliniques prometteurs ouvrent la voie à de futurs essais cliniques avec des agonistes du CD40, en complément des thérapies actuelles, pour guérir la LAL-B. »